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PIERRE DELANOE PRESENTE JOE DASSIN

- Pierre Delanoe", vous écrivez depuis trois ans la plus grande partie des chansons de Joe Dassin. Vous devez alors bien le connaitre ?

- Joe n'est pas un garcon facile à connaitre, et cela pour plusieurs raisons : d'abord, il est d'une pudeur excessive et surprenante chez un artiste. On considère souvent que ces personnages publics doivent se livrer à fond : il ne le fait jamais. De plus, il est de culture anglo-saxonne, très différente de la culture française, dont je suis un parfait représentant : bon Français moyen dans toute son horreur, ou dans toute sa splendeur, selon les jours et les points de vue, j'ai, dans certains cas, une tournure d'esprit opposée à la sienne, ce qui provoque parfois, entre nous, des malentendus et une impossibilité de communiquer. Et nous nous heurtons, en particulier, lorsque nous avons à écrire une chanson drole : sans aller jusqu'à la grosse plaisanterie de corps de garde, j'aime la gauloiserie traditionnelle, franche et directe, qui ne s'embarrasse pas de considérations compliquées... Alors que lui apprécie un humour plus subtil, plus au second degré et prend souvent pour de la vulgarité ce qui n'est que du comique " bien de chez nous ".

- Et pourtant, malgré ces dissensions, vous e^tes amis et travaillez ensemble ?

- Dans quels drames et quelle douleur ! Nous discutons parfois pendant des heures pour un simple petit mot ! Mettre au point un texte définitif peut durer trois jours, trois semaines, trois mois... Je compose mes chansons sur des musiques choisies par Joe. Moi, la musique, ca me fait re^ver, et je me laisse aller à mon inspiration, je raconte tout ce qui me passe par la te^te, n'importe quoi, en faisant fi de toute retenue, de toute pudeur : ce sont parfois des inepties, ce sont parfois des choses intéressantes... Mais il ne faut pas se réfréner.

- Et avec Joe, on a tendance à le faire ?

-Oui, et je me sens quelquefois brimé. Avec lui, je n’ose pas m’exprimer totalement, librement, comme avec Bécaud, par exemple, qui s’appropriera, en les chantant, mes émotions et mes élans. Joe est d’une rigueur absolue : ce que j’écris, il l’interprète tel quel, sans improvisation. Voila pourquoi il est particulièrement méfiant, et ne lachera jamais une chose sans e^tre absolument convaincu d’e^tre arrivé à la perfection. Et pour cela, il tuerait père et mère, assassinerait ses collaborateurs et ferait meme mentir le bon vieux proverbe français « qui trop embrasse mal etreint » ! Bécaud, Fugain, Aufray ne sont pas des flemmards, croyez-moi, mais Dassin, lui, est un bourreau de travail. Et il s’y connait ! Il a le sens du rythme, de la mesure, comme personne. L’autre jour, au cours d’une séance d’enregistrement, nous étions cinq, et tous des professionnels, avec lui, en train d’écouter une chanson. « Cette intro n’est pas en mesure », nous dit-il calmement. On écoute une deuxieme fois : « Mais si, elle est en mesure ». - « Je vous dis que non ». - « Ecoute, tu nous ennuies avec tes manies ! Il est 2 heures du matin, nous sommes fatigués. Cette intro est parfaite ! » - « Non, elle n’est pas en mesure ». Et il demande à l’ingénieur du son de couper 1 cm de la bande magnétique, ce qui représente 1/100 de seconde... Il avait raison ! Avouez qu’à ce point cela devient monstrueux ! C’est presque de l’insolence, d’e^tre aussi doué ! Il sait, sans avoir jamais appris, jouer de la guitare et du piano, danser, lancer le lasso... Il pourrait tirer à l’arc comme Guillaume Tell, jouer du bigophone à pédales ou du sifflet a roulette, si on le lui demandait !

- Avec ses 400000 trente centimètres vendus, ce n’est pas un génie méconnu...

- C’est la moindre des choses... Je considère que le succès de Dassin vient d’une rencontre exceptionnelle entre le professionnalisme anglo-saxon, le rythme anglo-saxon, l’humour anglo-saxon, et un certain esprit français apporté par les auteurs de ses chansons.

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