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JULES DASSIN RACONTE...

Propos recueillis par Jean-Claude Robrecht. Publié dans la revue trimestrielle "JOE" en aout 2008

C'était un fils exceptionnel... J'en suis toujours très fier. Je reve souvent de Joe la nuit. Dans ma maison, ici à Athènes, son image est devant moi quand je travaille. Elle me poursuit quand je me promène...

Je me souviens qu'enfant, à Los Angeles, Joe allait souvent jouer avec ses soeurs chez les voisins. Un jour, il a emmené avec lui une petite Noire prénommée Betty que nous avions recueillie. Il est revenu, outré, un quart d'heure plus tard avec la gamine, parce que ces gens avaient refusé de laisser entrer chez eux une enfant de couleur. ( Ndlr: Joe est tellement marqué par cette injustice qu'une douzaine d'années plus tard, à 21 ans, à l'Université d'Ann Arbor, il rédigera: " Wade In The Water ", qui obtient le 18 janvier 1961 le deuxième prix national aux Etats-Unis d'un style littéraire appelé la nouvelle. )

Joe a été mon assistant dans le premier film que j'ai tourné en Grèce ( " Celui Qui Doit Mourir " ). Il avait 17 ans. Il m'a fait une telle impression dans ce film où il avait un role petit mais important. Il jouait bien, et, mon Dieu, il était beau comme un Dieu grec... Il est venu me rejoindre aussi en Grèce, pendant l'été 1959, sur le tournage de " Jamais Le Dimanche ". Il travaillait dur toute la journée avec les techniciens. Il y mettait tout son coeur. Quoiqu'il entreprenne, il le faisait avec un très grand professionnalisme. Dans " Topkapi ", en 1963, il jouait - très bien - un receleur gitan prénommé Josef... Il demandait lui-meme de nouvelles prises. Il allait au bout des roles. ( Ndlr: Joe a joué dans 6 films. ) C'était vraiment un perfectionniste. Il a été aussi le récitant de mon documentaire: " Survival " consacré à Israel et la guerre des six jours en 1967...

Adolescent, c'est lui qui a introduit le rock'n'roll à la maison. ( sourire ) II adorait chanter. Il s'accompagnait à la guitare. Sa voix était chaude et musicale. Pourtant je n'aurais jamais imaginé qu'il puisse chanter en professionnel. Je n'étais pas sur qu'il réussisse une carrière en France à cause du chauvinisme de la population ( rire ); Joe étant américain. Au début, je ne voulais pas qu'il en fasse son métier... mais il m'a eul... Il était merveilleux. Et tout le monde a été fan de Joe quand il a commencé à chanter. Sa notoriété est devenue phénoménale. Un jour, au Festival de Cannes, j'ai taché mon smoking un peu avant la montée des marches, et il m'en fallait un autre. Les magasins fermaient. J'ai frappé à une vitrine. Personne ne voulait me laisser entrer. Je hurlais: " S'il vous plait, je suis metteur en scène! " Refus. Puis j'ai dit que j'étais le père de Joe Dassin... Ils m'ont ouvert! ( Ndlr: Il existe la meme anecdote pour une paire de chaussures. )

Je me souviens d'un Olympia... En plus d'etre beau, il avait du charme et'il adorait le contact avec le public. Il avait le potentiel depuis le commencement de sa carrière, c'était clair. Sur scène, j'étais étonné de son sens du travail et de la qualité de ses musiciens. Joe faisait circuler l'amour... Il offrait l'amour à son public qui le lui renvoyait aussitot. Il avait le talent et la sensibilité de sa mère, Béatrice, une grande musicienne classique... J'adorais le voir sur scène.

Je vis avec les chansons de Joe... Ma préférée est autobiographique: " Le Chemin De Papa ". Elle me touche beaucoup chaque fois que je l'entends.

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