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JOE DASSIN, VOUS AVEZ LA PAROLE

 

    Depuis 1969, c'est un Américain qui tient chez nous, la tête du “ hit-parade ”. Le plus français, le plus francisé des Américains: Joe Dassin. 30 ans, toutes ses chansons sont des “ tubes ”, depuis “ Daltons ” jusqu'à “ Siffler sur la colline ”, en passant par “ Les Champs-Elysées ” (son plus grand succès) et “ La Bande à Bonnot ”. La célébrité pour lui, tient à une sorte de tradition familiale, puisqu'il est le fils du fameux cinéaste Jules Dassin et le beau-fils de l'incomparable Melina Mercouri. Sur le plan sentimental, il reste pourtant un inconnu. Une fois pour toutes, en effet, Joe Dassin a décidé de cacher résolument sa vie privée. Marié? Pas marié?... Personne n'en sait rien. Et surtout pas son public ! C'est le black-out total. Un black-out savamment organisé dont Joe Dassin vous révèle aujourd'hui les raisons. De même, il explique pourquoi il aime tant la France, lui qui est né aux U.S.A., et pourquoi il ne veut surtout pas faire de politique, ni s'engluer dans un répertoire de chansons “ à message ”.

    - Joe Dassin, comment et pourquoi cachez-vous votre vie privée ?

    - Pour répondre à votre première question, je dirai simplement : quand on le veut vraiment, on vous laisse tranquille. Je n'ai jamais eu de problème sérieux avec les journalistes. Je ne peux leur reprocher, parfois, que de petites erreurs anecdotiques, mais qui ne valent même pas la peine d'être relevées. Je n'ai jamais eu de procès à faire, et j'espère qu'il en sera toujours ainsi.

    - Pourtant une grande vedette de music-hall est toujours très sollicitée, voire traquée par ce qu'on appelle la presse du cœur?

    - Je pense que les vedettes qui sont traquées, comme vous le dites, ont, à un certain moment, provoqué cette presse (contre laquelle je n'ai rien, je m'empresse de le dire). Il est normal, qu'ayant demandé des services en certaines occasions, on vous en demande en retour. Personnellement, je n'ai jamais utilisé ma vie privée pour me faire de la publicité.

    Quant à savoir pourquoi je ne veux pas que l'on parle de ma vie privée, c'est également très simple. Ce métier est terriblement envahissant: il ne laisse que très peu de temps à consacrer à la vie personnelle. Alors, qu'au moins ce temps si limité soit préservé. Une fois sorti de scène, je me sens incapable de continuer à jouer mon personnage de chanteur. Je tiens à redevenir moi-même en toute tranquillité.

    D'ailleurs, je ne pense pas que l'intimité des vedettes gagne à être connue. Sinon, sur scène, ils perdent de leur magie. Personnellement, en tant que spectateur, je ne juge pas de la même façon un chanteur dont je sais qu'il bat sa femme, par exemple. La grande force de Greta Garbo, à mon avis, c'était son mystère. Un artiste ne devrait être jugé que sur le travail qu'il accomplit.

    - Dans votre cas, on prétend parfois que cette attitude a d'autres motifs, à commencer par la peur, si vous étiez marié, et si on l'apprenait, de perdre une partie de votre clientèle féminine. Etes-vous d'accord ?

    - Il est certain que le mariage n'est pas bon pour un chanteur de music-hall! Regardez, Adamo! Hallyday lui-même a accusé le coup pendant deux ans, et encore dans son cas c'était moins grave car il avait épousé une vedette. Pour conclure sur ce sujet, je pense que l'on peut très bien avoir deux vies: l'une publique, l'autre privée et ne jamais les mélanger.

    Il n'est pas question, non plus, de sacrifier l'amour au métier. Moi, je tiens aux deux, et je considère que je mène ainsi une vie équilibrée. C'est sans doute pour cela que je n'intéresse pas beaucoup la presse du cœur : mon existence est trop normale pour passionner les lecteurs.

    - Si votre vie sentimentale reste dans l'ombre, on parle beaucoup de votre vie de famille. Formez-vous un véritable clan avec votre père, Jules Dassin, son épouse Mélina Mercouri et vos sœurs?

    - C'est quand même la moindre des choses d'aimer ses parents, et ses sœurs! Par contre, professionnellement, nous ne formons pas un “ clan ”, dans la mesure où nous ne nous imposons pas systématiquement les uns les autres. Si j'ai engagé ma sœur Julie dans une de mes tournées, c'est tout simplement parce que j'avais besoin d'une chanteuse en première partie et que ce qu'elle fait me plaît. Si je n'avais pas aimé son travail, je ne l'aurais pas emmenée avec moi. Même chose en ce qui concerne mon père. Si un jour il a besoin, dans un de ses films, d'un garçon de mon âge et de mon physique, il me fera tourner. Mais il n'écrira pas un rôle sur mesure pour moi, pour la seule raison que je suis son fils.

    - Mélina Mercouri est très connue pour ses idées politiques et la passion qu'elle met à les exprimer. Que pensez-vous des artistes qui se servent de leur célébrité pour faire de la propagande politique?

    - Je ne peux, bien entendu, pas vous parler de Mélina qui est très sincère dans son action. Personnellement, je ne fais pas de politique. Un chanteur ne me semble pas tellement qualifié pour prêcher la révolution. Je pense que dans un système démocratique, ce qui est beau, c'est que tous les citoyens soient égaux. Or, je ne vois pas pourquoi, parce que je passe à l'Olympia, j'aurais plus d'influence politique que l'épicier du coin. Comme lui, je me contente d'exprimer mes opinions en votant. Et si j'avais réellement un message à délivrer, eh bien! j'abandonnerais la chanson et je ferais de la politique active. C'est un peu ce que fait Jane Fonda, en ce moment, qui ne tourne plus beaucoup.Quant à la chanson à message, je m'en méfie un peu. Elle a un côté “ mode ” qui ne me plaît pas beaucoup. Pour moi, un spectacle de music-hall doit être une évasion, l'occasion de rêver et d'oublier la vie de tous les jours. Pas un meeting politique. Remarquez, je ne critique personne. Je vous livre ma conception toute personnelle...

    - Devenu grande vedette en très peu d'années, avez-vous eu la tentation, quand cela a commencé à marcher très fort, d'avoir “ la grosse tète ” ?

    - Jamais, parce que j'ai réussi assez tard, après avoir fait d'autres métiers. Et puis, grâce à mon père, je connais ce travail depuis longtemps et j'ai vu beaucoup de grandes vedettes dégringoler aussi rapidement qu'elles avaient réussi. Aujourd'hui j'ai trente ans et cela marche bien. Mais qui peut dire si cela va durer? Dans ces conditions, on ne peut pas avoir la grosse tête. En revanche, je ne veux pas jouer les faux modestes. Je suis orgueilleux, pas vaniteux, et je suis fier de ce que j'ai accompli. J'ai, en effet, beaucoup travaillé depuis six ans. Ce qui ne m'empêche pas non plus de trouver considérable les progrès que je dois encore faire. Je ne me prends pas au sérieux, mais que je prends au sérieux ce que je fais.

    - Est-ce que l'argent compte dans votre réussite ?

    - Je vais vous répondre en citant Mae West qui disait: “ J'ai été riche. J'ai été pauvre... Riche, c'est mieux. ” Bien entendu, l'argent compte dans la mesure où il représente la liberté. Je sais que, si je le voulais, je pourrais me payer demain un voyage au Sénégal pour m'y livrer à une de mes passions, la pêche en haute mer. De même, je peux m'offrir des costumes. Mais mes ambitions, sur le plan matériel, ne vont pas loin. Je ne rêve ni de yachts ni de palais. J'ai une voiture et je trouve cela amplement suffisant. J'ai un appartement confortable, mais pas luxueux. Je ne fais pas collection de toiles de maîtres et de meubles rares. Mon seul vrai luxe, c'est de m'offrir des musiciens supplémentaires quand certaines chansons l'exigent. Quand il s'agit de mon métier, je ne veux pas lésiner.

    Enfin, je dois avouer que je n'ai rien d'un homme d'affaires. Pour les questions d'argent, je m'en remets à des spécialistes.

    - Né aux Etats-Unis, vous faites votre carrière en France. Pourquoi?

    - Parce que j'ai eu le coup de foudre pour la France, la première fois où j'y suis venu et que je me considère désormais, bien qu'ayant un passeport américain, 100% Français de cœur. C'est d'ailleurs un sujet de discussion avec mon père qui, lui, est très américain

    - Qu'appréciez-vous particulièrement chez les Français?

    - Ils savent vivre. Ils sont capables de s'extasier sur un bon repas, un grand vin... et une jolie femme. Ils prennent le temps de vivre. Aux Etats-Unis, il y a une telle tension, un tel climat d'agressivité et de violence que l'on ne peut plus profiter de rien. Les gens se détestent. Or, moi, je fais un métier qui me permet de voir le bon côté des gens. C'est nous autres, artistes, nous sommes des privilégiés. Quand le public vient nous voir dans un théâtre, il redevient un enfant, car il vient chercher du rêve. Même les méchants retrouvent des réactions de gosses quand ils écoutent un chanteur. Et ça, c'est formidable!

    D'ailleurs, je suis devenu chanteur par amour. C'est vous dire si je déteste la violence et la haine.

    - Comment?

    - Pour épater une fille dont j'étais amoureux, j'ai enregistré un disque, alors que je ne chantais qu'en amateur, pour mon seul plaisir, des airs du folklore américain.

    Le disque n'était pas bon, mais m'a très bien réussi sur le plan sentimental. Et comme j'étais orgueilleux, je me suis dit qu'il ne fallait pas rester sur un mauvais disque. Alors, j'ai travaillé... et voilà comme on devient chanteur par amour ! Et voilà aussi comment on aime la France, car il s'agissait d'une Française… Je ne vous en dirai pas plus!...

   

    J.C. MAZERAN

 

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